Se séparer lorsqu’on est parents est une décision difficile.
Annoncer une séparation ou un divorce peut générer de l’inquiétude, voire de la culpabilité vis-à-vis de ses enfants. Cette décision n’est ni facile à prendre, ni évidente à annoncer.
Pourtant l’annonce d’une séparation, si elle est un minimum préparée, peut être bénéfique :
– Retrouver l’espoir d’un quotidien plus apaisé car les enfants souffrent lorsque les disputes éclatent
– Lever le doute et les inquiétudes car les enfants sentent bien que quelque chose ne va pas
– Assumer sa décision et se libérer de la culpabilité
– Se libérer de certaines craintes : nous anticipons parfois à tort les réactions de nos enfants.
Concrètement, comment annoncer une séparation à ses enfants : adopter le bon état d’esprit et se préparer étape par étape.
Sommaire
Un seul mot d’ordre : la bienveillance…et ça commence avec soi !
Bravo à vous qui vous posez ces questions et vous souciez du bien-être de vos enfants.
Prévoir un temps pour annoncer aux enfants que leurs parents se séparent et préparer cette rencontre est une initiative constructive.
Saluons les parents qui font cette démarche.
Rester flexible : la vie ne rentre pas dans des boîtes
On peut annoncer ensemble ou seul.e
Le fait de réfléchir en amont, ensemble ou seul, et de se poser des questions constituent le cœur de cette belle initiative, peu importe si par la suite l’annonce se fait avec un seul ou les deux parents.
Parfois, l’annonce commune est trop douloureuse pour un des deux parents. Il est possible que chaque parent parle aux enfants à un moment où c’est plus facile pour lui/elle.
Celui ou celle qui avait prévu de parler reste finalement sans voix et l’autre prend le relais.
Tout est possible. Restez indulgent avec vous-mêmes.
Prévoir un moment dédié où les parents sont disponibles / Annoncer à un moment prévu à cet effet…si c’est possible
L’idéal est de prévoir ensemble à quel moment l’annonce de la séparation pourra être faite aux enfants. Mettez-vous d’accord et fixez un créneau dans l’agenda.
Pas besoin d’une rencontre très formelle. Un moment au calme à la maison est très bien. Pensez à laisser vos téléphones portables dans une autre pièce pour éviter les distractions. Si vos ados ont un téléphone, demandez-leur de le mettre de côté également.
L’essentiel est de prévoir un temps ensemble ou chacun est disponible. On évite le matin 15 minutes avant d’aller à l’école. Mais si c’est prévu dans la matinée pendant le week-end, ça n’empêche pas que chacun poursuive ensuite ses activités à midi ou l’après-midi.
Même lorsqu’on prévoit un temps dédié, il arrive que les enfants nous prennent de cours et posent des questions directes plus tôt que prévu.
Dans ce cas, il ne s’agit pas de leur mentir. On peut répondre succinctement, indiquer qu’un temps en famille est prévu pour aborder ce sujet et leur donner l’occasion d’exprimer ce qu’ils perçoivent ou ressentent présentement.
Par exemple, si votre enfant vous pose très directement une question telle que :
« Est-ce que vous allez vous séparer ? » ou « Est-ce que papa va partir ? » ou « Est-ce qu’on va avoir deux maisons ? »
Vous pouvez répondre :
« Est-ce que c’est quelque chose qui t’inquiète ? »
ou
« C’est vrai que … (nommer la situation que l’enfant a pu vivre) il y a eu beaucoup de disputes ces derniers temps, tu m’as vu pleurer souvent, parfois même crier ou parler fort. Et nous voulons que ça change. Nous avons prévu d’en parler à tel moment. Ça ira pour toi ? Est-ce que tu veux me partager autre chose à ce sujet ? »
Comment se préparer en amont ?
Se préparer émotionnellement
Se « préparer » pour ce type de discussion difficile consiste donc en premier lieu à se préparer émotionnellement afin d’être disponible et ouvert à ce qui pourra émerger en chacun, enfant ou parent, lors de cette rencontre.
Il s’agit d’observer ce qu’on vit en tant que parent.
En pratique, vous pouvez prendre un moment d’introspection au calme et éventuellement écrire si vous en avez gros sur le cœur :
- Comment vous sentez-vous à l’idée de cette séparation ?
- Qu’est-ce que cela vous fait vivre comme émotions ?
- Quelles questions restent en suspens ?
- Avez-vous des craintes ?
- Quelles sont vos intentions ? Noter ce qui est important pour vous. Vous vous séparez en tant que conjoints mais vous restez parents. Vous êtes toujours une famille. A quoi voulez-vous faire attention pour votre famille ?
- Comment vous-sentez vous à l’idée d’annoncer la séparation à vos enfants ?
Pour diminuer la pression sur l’annonce de la séparation, l’idée est de faire la part des choses entre :
D’un côté tout ce qui est douloureux et non réglé concernant votre séparation, et qui concerne uniquement les futur.e.s ex-conjoint.e.s.
De l’autre côté, le message que vous voulez transmettre à vos enfants et les conséquences de votre décision qui pourraient les concerner.
Une fois que vous avez jeté sur le papier ce qui concernait vos propres ressentis par rapport à la séparation et son annonce :
- Accueillez vos émotions comme elles viennent. Acceptez de les laisser vous traverser.
- Acceptez que tout ne puisse pas être prévisible ou réglé dans l’immédiat.
- La séparation fait rarement partie du projet initial et peut-être vécue comme un échec. Pardonnez-vous. Gardez en tête que chacun de vous a fait comme il/elle a pu, avec les moyens en sa possession tout au long de la relation.
- Garder le cap : agissez en ayant en tête l’intérêt mutuel des membres de votre famille. Votre guide est votre intention de respect mutuel et de prendre soin de vous, de vos enfants et éventuellement de votre co-parent. Autant que possible visez une sortie de la relation gagnant-gagnant.
NB : ce dernier point ne s’applique pas en cas de violences conjugales où la priorité absolue est la mise en sécurité de la mère et de ses enfants).
Préparer dans les grandes lignes ce qui pourra être dit
…et ce qui restera privé
En second lieu, il est utile de réfléchir à comment adapter le niveau de vocabulaire et surtout le type de sujets abordés, d’explications données ou non, en tenant compte de l’âge de chaque enfant.
Rassurez-vous, pas besoin de préparer mot pour mot ce que vous direz à vos enfants.
Vous pouvez complètement rester naturels en ayant simplement quelques repères.
Les rappels ci-dessous sont des propositions et font appel au bon sens.
Chers parents, rappelez-vous que vous avez le droit :
- De ne pas être d’accord et d’avoir chacun votre propre point de vue sur la situation
- De parler en disant « nous » ou « je », et de changer en cours de route au besoin ou selon les sujets (ceux sur lesquels vous êtes en accord ou en désaccord)
Il arrive de se rendre compte en expliquant aux enfants qu’il y a un sujet sur lequel il y a en fait une incompréhension, une divergence d’opinion. Dans ce cas, il est possible de dire : « J’observe que nous ne sommes pas d’accord sur ce point »
- De ne pas faire « front commun » de façon systématique : on est en famille, pas en politique 😉 Cette idée que les parents devraient faire « front commun » est nourrie par la peur de « perdre son autorité » si l’un ne dit pas 100% pareil que l’autre. Or, il est possible de dire qu’il y a une divergence de point de vue, l’essentiel est qu’une décision puisse être prise malgré tout pour l’organisation de la vie des enfants.
- De faire évoluer vos « plans » : par crainte de blesser, les parents essaient parfois d’anticiper au maximum. Mais quand les émotions montent fort, pour les enfants ou pour les parents, il est utile de s’autoriser à faire évoluer ce qui était initialement prévu (moment de l’annonce, temps passé ensemble, etc…)
Vous pouvez discuter ensemble de ce que vous aimeriez dire à vos enfants.
Si cela n’est pas possible ou trop douloureux, vous pouvez simplement partager ces propositions à votre conjoint.e.
Le jour J
Comment parler à son enfant ?
Le principe est de rester au niveau de l’enfant tant pour le vocabulaire employé que pour les sujets abordés :
- Utiliser des mots simples : annoncer un « divorce » n’est pas forcément clair selon l’âge, de même que les parents non mariés ne disent pas « on va dissoudre notre PACS » quand ils se séparent. Pour un enfant, il est plus clair de parler de « séparation ».
Exemple : « Papa et Maman ont décidé de se séparer. Ca veut dire que nous allons vivre chacun dans notre maison. Nous ne voulons plus vivre ensemble. »
- Sujets à aborder : uniquement ce qui concerne les enfants, c’est-à-dire ce qui change pour eux et ce qui reste stable. Cela concerne notamment l’organisation de la vie quotidienne.
- Avec qui ils habitent ? Quand ? Comment vont se passer les 3-4 prochaines semaines ?
- Est-ce que l’école reste la même ? Leurs rythmes vont-ils changer ? Les trajets ?
- Les prochains week-end et vacances ?
- Les invitations éventuelles, les fêtes (famille, copains…) ?
Réfléchissez en amont à ce qui change et ce qui reste fixe pour les enfants : école, activité, vacances prévues…
- Ce qui ne regarde pas les enfants et qui est trop compliqué pour eux : la vie sentimentale de leurs parents
- Vous n’avez pas d’obligation à justifier votre choix, de la même manière que vous n’avez demandé l’avis de personne pour vous vivre ensemble (remarque valable pas uniquement pour les enfants d’ailleurs)
- Votre vie sentimentale ne concerne pas vos enfants : inutile d’évoquer votre vie amoureuse ou celle de l’autre parent. A moins de présentation imminente ou d’emménagement immédiat, il n’est pas utile de dire que « papa ou maman a un.e autre amoureux.se ». Cela n’a du sens que lorsque cette réalité est déjà très présente dans la vie des enfants.
- En général, ce n’est que plus tard, en cas de relation longue et stable, de déménagement, d’emménagement ou de week-end ensemble notamment, que le sujet peut être abordé, car il impacte directement la vie de l’enfant.
Accueillir les émotions et les questions des enfants
Difficile de prévoir à quoi s’attendre et tout ce qui va se passer. A priori on ne divorce pas tous les 4 matins. Mais il utile d’avoir en tête que :
- On ne peut pas faire l’économie des émotions et des réactions de nos enfants : tristesse, colère, incompréhension, déni…il est normal de passer par toutes sortes d’émotions fortes. Le deuil de la vie familiale telle que connue jusqu’ici peut prendre du temps.
- Chaque enfant a sa propre temporalité : il peut y avoir des réactions dans l’ici et maintenant, au moment de l’annonce, et aussi un peu plus tard, chacun à son rythme.
- Ils auront peut-être des questions : rester centré sur ce qui les concerne et ce qui est clair pour vous.
La question du « pourquoi » les parents se séparent n’a pas forcément de réponse. Les raisons échappent souvent aux parents eux-mêmes : difficile de savoir ce qui fait la durée d’une relation, pourquoi on reste ensemble ou se sépare.
- Ceci étant, vous pouvez parler de votre vécu et vos émotions, tant que ça reste au niveau de l’enfant. Pas besoin de faire semblant d’être content ou heureux, de se montrer « forts » ou que sais-je (placer ici l’injonction de votre choix).
Il est normal d’être triste. Une séparation est souvent une décision difficile, qui fait suite à une situation d’impasse ressentie par au moins un des deux parents.
- En fonction de la maturité de l’enfant, il y aura éventuellement d’autres discussions sur ce qui fait que des parents se séparent.
Ce sont des situations que les enfants observent autour d’eux et il peut être utile d’entendre quelles représentations ils se font d’une séparation, ce que ça évoque pour eux et ce que la situation les fait vivre.
Il est possible de revenir sur le sujet de ce qui est important dans une relation : le respect mutuel, le fait que parfois on ne veut plus les mêmes choses (c’est valable en amitié aussi).
Quand deux personnes ne sont plus heureuses ensemble et/ou n’arrivent plus à s’entendre et/ou se disputent, il est parfois préférable de se séparer.
Il est possible de dire « je n’étais plus heureux.se » et « ce n’est pas la faute de papa ou de maman ».
Rester au niveau de l’enfant implique de parler des relations de façon plus large (plutôt que spécifiquement du couple dont ils n’ont pas l’expérience ni la compréhension).
- Les enfants, derrière la question « pourquoi », ont généralement des émotions (peur, tristesse, colère…) et peuvent avoir besoin d’être rassurés par exemple sur le fait que :
- les parents continuent d’aimer leurs enfants, d’être là pour eux
- ce n’est pas de leur faute, c’est un choix / une décision d’adulte, ils n’y sont pour rien
Mais comme il n’y a rien de « systématique », mieux vaut naviguer avec ce qui vient pour l’enfant et éviter de plaquer un discours « tout fait ».
- En cas de question pour laquelle vous n’avez pas encore discuté ou avec un éventuel désaccord : possibilité de dire « merci pour ta question, j’observe que nous ne sommes pas d’accord ou nous ne savons pas encore, nous allons y réfléchir«
C’est OK de ne pas tout savoir à l’instant T : les changements vont se faire les uns après les autres.
L’idée est d’accueillir à chaque fois les émotions de l’enfant, entendre ce qu’il vit. Il peut être difficile pour lui de vivre l’impuissance face à une situation qu’il n’a pas choisie, qui l’attriste, qui a un impact important dans sa vie, et pour laquelle il ne peut rien faire ou décider.
Lorsque vous décidez ensemble des rythmes et de l’organisation, vous pouvez toutefois tenir compte de l’état émotionnel de l’enfant et de ce qui compte pour lui.
Pour résumer :
- La seule coordination nécessaire, si vous voulez annoncer ensemble votre séparation est de trouver un créneau commun dans l’agenda
- Si l’annonce doit se faire seul.e, ça fonctionne aussi
- Le principal est d’accueillir ses propres émotions puis celles de l’enfant quand elle se présenteront
- Pas besoin de préparer à l’avance de grands discours
- Adapter simplement le niveau de langage et les explications données : pas besoin de se justifier ni de répondre à toutes les questions
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